samedi 29 octobre 2016

LE LAC DU SALAGOU, PRADINES, ET JEROME

Comme je l'avait annoncé dans l'article du 25 octobre,  en voici la suite.



Juillet 1975, j’avais 22 ans.
Lors d’un périple en stop avec une amie dans  le Languedoc, nous avons appris l’existence du Lac du Salagou près de Clermont l’Hérault qui, parait-il, valait absolument le détour. Ce lac artificiel avait été créé dans les années 60 pour l’irrigation des cultures. Le Salagou étant la rivière qui coulait dans la vallée.
J’ai entendu dire que le lac aurait aussi été créé pour permettre le refroidissement de mines d’uranium situées dans la région… ? si quelqu’un connaît un peu mieux l’historique, merci de me laisser un commentaire.
Arrivés au bord du lac, nous avons aperçu un village en ruine sur l’autre rive. Nous avons décidé de nous y rendre.
Un petit chemin menait au barrage. Nous avons continué à travers d’anciens champs de lavandes, des pierrades, des éboulis qu’il a fallu escalader sous le cagnard pour arriver sur un chemin de terre rouge qui, surplombait le lac et passait au-dessus du village en ruine.
Assoiffés, aussi épuisés que notre réserve d’eau, nous avons trouvé un sentier qui menait au village. Il descendait jusqu’à la quinzaine de maisons. La vue était splendide, les eaux bleues du lac, la terre rouge qui le borde, les maisons rôties par le temps, quelques pans de végétations vertes ; le tout sous un soleil généreux… nous étions dans un tableau de Van Gogh ou de Gauguin.
A l’entrée du village, peut-être une bonne surprise : un ancien bac à linge en béton surmonté d’un robinet !... malheureusement à sec. Pendant que nous nous apitoyions sur notre sort, nous n’avions pas remarqué qu’une ombre qui venait du village s’approchait derrière nous. Nous sursautons en entendant une voix :
« Alors, on se promène ? »
Et nous voyons une étrange apparition : une sorte d’ours hirsute mais souriant qui nous invite à nous rendre chez lui pour prendre un thé !
L’étonnement passé, nous hésitions devant l’apparence de la « bête » mais rassurés par ses yeux malicieux et son franc sourire, nous décidons de le suivre.
Il habitait (on dirait squattait maintenant) une des premières maisons du village. Il fallait monter un escalier de pierres pour accéder à la porte d’entrée. Nous étions accueillis dans une pièce assez sombre ou trônait une grosse table de bois. Jérôme, (c’était le prénom de notre hôte surprenant) nous fit un thé servi dans des tasses à la propreté douteuse, mais il allait étancher notre soif de liquide et Jérôme, notre soif de réponses.
Car des questions nous en avions à la pelle.
Il avait cinquante ans et, vivait ici avec ses chats, depuis plusieurs années.
La maison qu’il occupait comme tout le village, avait été vidée de ses habitants dans les années 60 par les autorités de l’époque pour la création du lac. Les maisons avaient été rachetées par l’état dans un premier temps puis les propriétaires récalcitrants avaient été expropriés.
Ce village s’appelait Pradines.
Composé d’une vingtaine de maisons qui abritaient des familles d’agriculteurs, ce qui en restait dans les années 70 témoignait d’une architecture harmonieuse. Il restait notamment un magnifique passage couvert qui descendait vers le lac et qui semblait avoir été fait spécialement pour déboucher sur la rive. Ce passage était bordé de caves dans lesquelles restaient de grands foudres en béton, témoignage du passé viticole.
A l’époque, les cultures principales étaient la vigne et les oliviers.

Je compléterai le portrait de Jérôme très prochainement



1 commentaire:

  1. Je me souviens parfaitement des verres "à la propreté douteuse"! Jérôme, dans les années 1979-81, nous faisait asseoir sur un vieux pneu de tracteur qui servait de banc; les vitres avaient été remplacées par des sacs de plastique. Que de souvenirs...

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