Comme je l'avait annoncé dans l'article du 25 octobre, en voici la suite.
Juillet
1975, j’avais 22 ans.
Lors d’un périple
en stop avec une amie dans le Languedoc,
nous avons appris l’existence du Lac du Salagou près de Clermont l’Hérault qui,
parait-il, valait absolument le détour. Ce lac artificiel avait été créé dans
les années 60 pour l’irrigation des cultures. Le Salagou étant la rivière qui
coulait dans la vallée.
J’ai entendu
dire que le lac aurait aussi été créé pour permettre le refroidissement de
mines d’uranium situées dans la région… ? si quelqu’un connaît un peu
mieux l’historique, merci de me laisser un commentaire.
Arrivés au
bord du lac, nous avons aperçu un village en ruine sur l’autre rive. Nous avons
décidé de nous y rendre.
Un
petit chemin menait au barrage. Nous avons continué à travers d’anciens champs
de lavandes, des pierrades, des éboulis qu’il a fallu escalader sous le cagnard
pour arriver sur un chemin de terre rouge qui, surplombait le lac et passait
au-dessus du village en ruine.
Assoiffés,
aussi épuisés que notre réserve d’eau, nous avons trouvé un sentier qui menait
au village. Il descendait jusqu’à la quinzaine de maisons. La vue était
splendide, les eaux bleues du lac, la terre rouge qui le borde, les maisons
rôties par le temps, quelques pans de végétations vertes ; le tout sous un
soleil généreux… nous étions dans un tableau de Van Gogh ou de Gauguin.
A
l’entrée du village, peut-être une bonne surprise : un ancien bac à linge
en béton surmonté d’un robinet !... malheureusement à sec. Pendant que nous
nous apitoyions sur notre sort, nous n’avions pas remarqué qu’une ombre qui
venait du village s’approchait derrière nous. Nous sursautons en entendant une
voix :
« Alors,
on se promène ? »
Et
nous voyons une étrange apparition : une sorte d’ours hirsute mais souriant qui
nous invite à nous rendre chez lui pour prendre un thé !
L’étonnement
passé, nous hésitions devant l’apparence de la « bête » mais rassurés
par ses yeux malicieux et son franc sourire, nous décidons de le suivre.
Il
habitait (on dirait squattait maintenant) une des premières maisons du village.
Il fallait monter un escalier de pierres pour accéder à la porte d’entrée. Nous
étions accueillis dans une pièce assez sombre ou trônait une grosse table de
bois. Jérôme, (c’était le prénom de notre hôte surprenant) nous fit un thé
servi dans des tasses à la propreté douteuse, mais il allait étancher notre
soif de liquide et Jérôme, notre soif de réponses.
Car
des questions nous en avions à la pelle.
Il
avait cinquante ans et, vivait ici avec ses chats, depuis plusieurs années.
La maison
qu’il occupait comme tout le village, avait été vidée de ses habitants dans les
années 60 par les autorités de l’époque pour la création du lac. Les maisons
avaient été rachetées par l’état dans un premier temps puis les propriétaires
récalcitrants avaient été expropriés.
Ce village
s’appelait Pradines.
Composé
d’une vingtaine de maisons qui abritaient des familles d’agriculteurs, ce qui
en restait dans les années 70 témoignait d’une architecture harmonieuse. Il restait
notamment un magnifique passage couvert qui descendait vers le lac et qui
semblait avoir été fait spécialement pour déboucher sur la rive. Ce passage
était bordé de caves dans lesquelles restaient de grands foudres en béton,
témoignage du passé viticole.
A l’époque,
les cultures principales étaient la vigne et les oliviers.
Je compléterai le portrait de Jérôme très prochainement
Je me souviens parfaitement des verres "à la propreté douteuse"! Jérôme, dans les années 1979-81, nous faisait asseoir sur un vieux pneu de tracteur qui servait de banc; les vitres avaient été remplacées par des sacs de plastique. Que de souvenirs...
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